Historique

Parcourant les champs d'Amakna, une douce créature à la peau couleur pêche se promenait, une faux à la main, un petit sac sur le dos. Suant du front par la chaleur exécrable d'un été caniculaire, la jeune fille s'écroula un instant dans un champ de lin en fleur, dos au sol, le regard se perdant dans le ciel bleu azur à la recherche d'un ailleurs. L'Eniripsa avait le sourire, aussi belle qu'une rose en plein épanouissement matinal, Néodyme respirait le bonheur d'une petite vie tranquille. Aidant ses parents, de modestes paysans néanmoins fortunés par la confection de pains et potions, elle jouissait d'un train de vie calme, monotone.

Se redressant pour venir se placer confortablement sur les genoux, la demoiselle continuait de fixer l'astre du jour, celui qui emplissait son cœur et sa raison de luminosité et chaleur. Détournant le regard pour en revenir à des idées moins rêveuses, elle fixa ses prunelles sur une vieille Enutrof qui semblait peiné à faucher le chanvre voisin. Néodyme appuya sa paume au sol pour aider sa frêle musculature à se relever, se dirigeant alors d'un pas actif et sûr vers la vieille dame nécessiteuse.

- Bonjour madame, souhaitez-vous un coup de main, vous me semblez bien fatiguée. Ma faux est à votre disposition. Déclina-t-elle avec un sourire sur les lèvres.
- Oh jeune fille tu es bien aimable. Si toute la jeunesse pouvez être comme toi plutôt que courir derrière des œufs de dragons inutiles ! Plaisanta l'Enutrof.
- Pas d'soucis. Ça m'occupera les bras et l'esprit par la même occasion.

Bavardant avec son ainée, la petite fée ne pensait à rien d'autre. Le temps défilait à une allure que seul Xelor avait l’art de maitriser. Se laissant volontiers inviter à une petite collation de fin de journée, elle se rappela très vite toutefois que son jeune âge ne lui permettait pas de rester trop longtemps loin de la masure familiale où elle se dépêcha de retourner, son verre fini. Le Soleil retombait peu à peu dans ses quartiers pour céder place à l’astre de la nuit, la perle du soir nommée Lune.

Perdu sur les terres des hommes ; descendu du ciel telle une étoile qui se décroche pour filer à travers l’obscurité, un immortel profite de la nuit complice pour ses activités noctambules. Sa divinité Sadida avait pris la peine de descendre de ses quartiers céleste sous sa forme humanoïde élégante, prestigieuse, ... séduisante. Caressant les fleurs pour en humer leurs délicats parfums, laissant pousser une végétation luxurieuse derrière chacun de ses pas feutrés ; le jeune homme d’apparence, qui pourtant était âgé de plusieurs saisons, insufflait la vie.

Son oreille attentive fut pourtant troublée par un son différent de ceux qu’il avait coutume d’entendre en milieu champêtre. Un chant, une mélodie à la tonalité parfaite résonnant dans le sous-bois captiva son ouïe puis chacun de ses sens. Sortant une graine scintillante de sa poche, il la déposa sur le sol avant d’y verser un peu d’eau sortie de nulle part. Une poussière dorée se propagea dans l’air ambiant pour y former un écran de lumière face à son créateur. Sadida souffla alors légèrement sur celui-ci pour le mettre en mouvement et libérer sa magie. Qu’elle ne fut pas sa surprise lorsque les particules affichèrent le doux visage d’une enfant heureuse, un visage fin, un corps svelte, une mine éclairée. Effaçant l’hologramme d’une main de passage, il regarda les étoiles pour comprendre pourquoi un déferlement de sentiments s’en prenait alors à lui à cet instant précis. Lui qui avait pourtant vécu des années sans jamais avoir à éprouver une quelconque affection particulière, voilà qu’il était affecté par une magie, une sorcellerie dont le contrôle lui échappait : l’amour. Préférant échapper à son destin en dissipant son âme et son corps de ces lieux, le dieu de la nature se volatilisa de la surface des terres amaknéennes pour retourner vers les cieux, un sourire sur les lèvres.

Néodyme grandissait, elle était désormais devenue une adulte à l’allure magnifique, à la chevelure brune satinée. Ses formes généreuses avaient déjà attiré de nombreux prétendants, mais chaque jour un peu plus elle s’enterrait dans le célibat, préférant sa liberté, sa vie actuelle de femme libre.

Mais Sadida observait Neodyme, la regardait grandir chaque jour, les dieux étant protégés de tout sauf de l'amour, il ne pouvait se résigner. Alors qu'il était déjà tombé sous le charme lorsqu'elle était plus jeune, il n'en fut que plus conquis en voyant pousser la jeune femme qu'elle devenait.

Devenu éperdument fou amoureux d'elle, il se mit donc à réfléchir à des stratagèmes pour l'attirer dans ses bras. Après bien des mois de recherche pour enfin l'avoir à ses côtés, il décidait de redescendre sur Amakna, sous la forme d'un de ses disciples pour tenter de la charmer.
Malheureusement, Neodyme ne se laissait pas approcher si facilement par autrui, gardant sa liberté quel qu'en soit le prix.
Commençant à s'impatienter, Sadida redoubla d'effort pour la mener à ses côtés, usant de sa magie et de son pouvoir sur la nature pour lui créer des paysages, faisant apparaitre devant sa porte chaque matin un bouquet de fleurs, chaque jour différent.
Neodyme ne pouvait savoir de qui tout cela provenait, mais elle finit par laisser son cœur se perdre dans les sentiments pour cet admirateur secret.

Sadida continuant son charme semaine après semaine décida finalement de se présenter à sa porte sous son déguisement, et Neodyme ne sut lui résister. L'amour fou naquit entre les deux êtres.

Un jour Sadida décidant de jouer la carte de l'honnêteté avec celle que son cœur avait décidé de choisir, lui avoua qu'en réalité il était le dieu Sadida. D'abords incrédule, Neodyme lui demanda des preuves. Et lorsqu'elle fut convaincu que ce fut bien Sadida, celle-ci le repoussa. Bien que troublée par ses sentiments, elle considérait que Dieux et Mortels ne pouvaient se mélanger, qu'elle ne pouvait pas permettre cette folie.

Fou de rage, Sadida l'a maudit puis de par ses pouvoirs divins, la transporta dans le royaume des cieux en lui offrant la vie éternelle, de sorte qu'elle n'ait plus de raison de lui refuser cet amour. Neodyme était devenue une Déesse Mineur, mais le prix à payer fut terrible. Elle fut aussitôt privée de ses amis, de ses parents, de son ancienne vie... Plutôt que d'obliger la nouvelle déesse à l'aimer, Sadida venait de lui ôter la chose la plus précieuse aux yeux de l'ancienne fée : Sa liberté.
Le dieu fut obligé de laisser tomber, réprimandé par les 11 autres dieux pour son comportement irresponsable.
Neodyme ne pouvait plus vivre en paix, toute immortelle qu'elle soit, sans ses parents et sa liberté qu'elle avait perdu. Durant bien des années, elle erra dans le domaine des dieux, ne pouvant se résigner à oublier son ancienne vie, à l'abandonner, mais elle ne pouvait aussi se voir comme une réelle déesse, ayant à ses yeux reçu injustement ce don pour pouvoir en profiter.

Mais elle fut obligée de finir par se résigner : elle était une déesse, et elle ne pouvait plus rien contre son nouveau destin. C'est alors qu'une idée germa dans l'esprit de l'ancienne mortelle, si elle était devenue une déesse, pourquoi ne pourrait-elle pas elle aussi trouver des mortels a qui enseigner les bonnes valeurs ? Elle qui fut mortelle, elle qui connaissait joie, liberté et amour, elle qui fut amoureuse puis trompée par un des Douze... Après tout, ne pouvait-elle pas elle aussi se démarquer parmi toutes ces divinités ? C'est dans un étrange mélange de sentiments contradictoires que la jeune déesse décida de trouver ceux qui seraient sans doute les premiers piliers du mouvement qu'elle comptait bien lancer...
Bien que personne ne puisse l'affirmer, ce serait ces émotions inconciliables qui serait l'origine du choix de la déesse, apparaissant devant trois personnes à la fois. Trois personnes au caractère et au passé bien différent...

Elyanah...
Leena...
Taishiko...

Citation :

Chronique d'Elyanah

Parcourant les plages de l'île d'Otomaï, une jeune fille regardait au large, suivant des yeux la déclinaison lente et solennel de l'astre du jour. S'arrêtant un bref instant pour en contempler les ultimes rayons, la disciple de la déesse Sacrieur plongea ses orteils dans le sable et s'installa à son aise sur le sédiment fin. Le ressac berçait ses pensées, s'en allant peu à peu avec le vent qui balayait les dunes. La nuit prenait ses quartiers, et la Lune déjà distançait le Soleil haut dans le ciel. Une nouvelle atmosphère prenait place ; la température s'abaissa légèrement, faisant frissonnait la peau fragile d'une jeune femme pourtant au sang chaud. Ses yeux portèrent alors leur attention sur cette peau à la chair de poule, cette peau matte martyrisée par des sacrifices barbares et pourtant si jouissifs. Elyanah passa alors sa main sur son bras, cherchant ensuite aveuglement un pan de sa cape en lin pour venir se réchauffer, hésitant encore à faire un bain de minuit dénudée par cette moiteur désagréable.

- Perdu sur cette plage voilà que je m'ennuis... Pour changer. En revanche tu as l'air de bien t'amuser toi... lâche-t-elle avec un petit sourire en s'adressant à son Koalak Sanguin apprivoisé.

S'enfouissant la tête dans le sable et creusant des galeries, le familier semblait en effet à son aise, ne prêtant pas attention à l'étrange phénomène qui se produisait à la surface de l'eau. Un étrange tourbillon s'était déclenché près de la rive, courant d'eau qui était animé d'une lueur à la normalité tout aussi suspecte. Se redressant de tout son long, la sacrieuse s'avança alors vers le curieux siphon et, dans toute sa témérité, en approcha son visage dubitatif. Quelle ne fut pas son étonnement lorsque le mouvement s'arrêta calmement pour laisser place à un faisceau lumineux éblouissant, faisant tomber à la renverse la courageuse aventurière. Les petites lumières scintillantes comme un balais de luciole se figèrent à leur tour, laissant transparaître l'aura d'une jeune et magnifique eniripsa qui prit la parole sans perdre de temps :

- Mon enfant, voilà maintenant quelques années que mon oeil s'est posé sur toi. Ton âme est bonne, ta foi est inébranlable, mais je vais te demander une faveur...

La jeune femme marqua une pose dans son monologue puis reprit quelques secondes plus tard avec un sourire sur les lèvres.

- Quelle discourtoise je fais donc... J'ai oublié les présentations : mon nom est Néodyme, déesse de la lumière et des justes. Peut-être, voire même surement, pensais-tu que seuls douze divinités constituaient ce monde. seulement les recueils d'histoires sont bien moins fournis que ceux qui narrent les légendes de ce monde et son passé. Mais l'heure n'est pas aux biographies. Comme je te le disais, j'ai un service à te demander...
- ...
- Tu m'as l'air toute chose, je me trompe ? Peu importe, j’aimerais que tu fondes pour moi une guilde, oui une guilde qui diffuserait ma vision du monde, mes espérances de jeune fille que je n'ai pu répandre de mon "vivant". Je ne peux réellement t'en dire plus, toi seule peut trouver le meilleur de toi même qui est enfouit, là, dans ton âme. C'est avec cette bonté de l'âme et cette clairvoyance spirituelle que tu feras les bon choix et ainsi entretiendra le culte que je souhaite voir fleurir sur ces terres. Ne t'en fais pas jeune fille, tu ne seras pas seule, mais je veux que tu retienne ceux-ci : tu devras cultiver ton propre jardin pour instruire autrui, tu seras la gardienne de l'enseignement, la sagesse des néophytes... Médite cet enseignement et répend la lumière afin d'éclaire l'obscurantisme des ignorants.
- Mais comment...
- Toutes les questions ont une réponse, mais je ne peux te les donner.

Souhaitant ouvrir la bouche pour entamer le dialogue, Elyanah ne put que réprimer son envie en voyant peu à peu l'aura se dissiper en une brume disparate. Regardant les étoiles, puis la lune discrète derrière quelques nuages, elle ne savait comme réagir à la situation peu commune qui venait de se dérouler. Enlevant son haut, puis son bas de façon furtive, elle pénétra dans l'eau rapidement, noyant son esprit tourmenté dans les abysses profondes. L'eau était glacée, la jeune fille se laissait néanmoins couler, regardant les rayons translucides percer la surface sombre. Demain le Soleil reprendrait place en haut du ciel bleu azur. Cette étoile scintillante allait désormais guider ses pas, sa raison... sa vie. Cette lumière elle en avait désormais la partition, et telle une musicienne, elle allait la traduire et la diffuser à toutes les âmes sensibles.

Citation :

Chronique de Taishiko

Alors que Taishiko était dans la maison de Tralayellor, un disciple de Xélor de sa famille, il lui dit qu’il devait partir. Pas de problème pour Taishiko, elle savait parfaitement se comporter comme une adulte responsable, étant elle-même, une adulte responsable.

Elle alla dans la salle de derrière, où elle ouvrit son coffre, pour compter ses pièce, alors qu’elle arrivait au millier de Kamas, elle entendit un bruit. Sans y faire trop attention, elle continua, surement un chacha se disait elle. 1597, 1598, 1599, 1600…

Alors qu’elle venait d’arriver à 1600 Kamas, il lui restait encore énormément à compter, elle décida alors d’aller prendre un verre d’eau histoire de se rafraichir. Elle alla donc au puits, qui se trouvait à deux pas de chez Tralayellor, et y sortit avec un peu d’effort, un seau plein d’eau, qui coulait un peu par la faute de quelques fissures qui se trouvaient sur le bois. Lorsqu’elle se servit son verre, elle entendit une grosse détonation dans la salle de derrière, pensant à ses Kamas, elle courut jusqu’à la salle ou il y avait ses Kamas, et une femme, ou un esprit, elle dégageait une lueur qui pourrait éclairer tout Brâkmar.

« Qui êtes vous ?! » Demanda Taishiko.

La femme lui sourit, elle ressemblait à une disciple d’Eniripsa, mais elle avait l’air spécial, alors, Taishiko se répéta

« Qui êtes vous ?! »

Toujours sans réponse, Taishiko prit sa pelle, la fit tournoyer dans sa main et l’envoya tout droit sur l’inconnue. La femme disparue avant que la pelle ne la touche, pelle qui alla s’empaler directement dans le mur du fond. Comment est ce possible ? Il y avait des tas de questions que la vieille Enutrof se posait, mais maintenant qu’elle était seule, elle
reprit sa pelle et inspecta chaque pièce de la maison. Elle commença par la chambre, pas un bruit, pas une respiration, pas un halètement, Taishiko fit le tour des lits et inspecta en dessous de chaque meuble, rien. Elle répéta ces actions pour chaque pièce de la maison.
Après que l’inspection soit finie, elle verrouilla toutes les entrées, puis retourna à ses Kamas, alors qu’elle continuait à compter, une lueur apparue derrière elle, toujours cette femme, qui souriait et qui regardait Taishiko sans cligner des yeux.

« Bonjour » dit la femme sans se soucier que Taishiko prenait sa pelle.

Taishiko lui balança sa pelle, qui s’arrêta juste devant le visage de l’intruse. La femme lui fit un sourire puis envoya valser la pelle de l’autre coté de la pièce. Taishiko ne put s’empêcher de dire ce qu’elle avait dans la tête.

« Nom d’une pelle ! C’est pas humain ! »

Taishiko, prise de panique, prit la fuite, elle sortit de la pièce et couru vers la sortit, mais… Que se passe-t-il ? Elle… Oh bah oui ! Elle courrait sur place. Elle s’arrêta, et se tourna vers la femme, qui éblouissait un peu Taishiko.

« D’accord, très bien, vous avez gagné, qui êtes vous ?
- Je m’appelle Neodyme, je suis.. Enfin, j’étais une disciple d’Eniripsa.
- Vous étiez ?
- Oui... Enfin, c’est long à expliquer, une sale histoire avec Sadida, enfin, je me suis retrouvée dans le ciel, avec les Dieux Mineurs, résultat, j’en suis une aussi.
- Oui c’est ça, et mon père c’est un bouftou ?
- Ce n’est pas le problème, j’ai besoin de vous.
- J’ai besoin de Kamas, on va peut être se trouver un arrangement qui sait ?
- Il n’y aura pas de négociation, soit tu acceptes mon offre soit tu refuses. »

Taishiko réfléchit un instant, si elle ne l’aidait pas, il y aurait peut être des représailles, mais, de toute façon, elle était beaucoup trop curieuse pour refuser, elle voulait absolument savoir ce que la Demi Déesse lui voulait, et surtout, pourquoi elle était venue à elle pour lui demander quelque chose.

"- Bon, alors je veux bien, mais si je peux savoir en quoi ça consiste, ça m’aiderait.
- Je m’appelle Néodyme, Déesse de la lumière et des justes, je fais parti du Panthéon mineur, avec quelques autres Demi Dieux. Je te surveille depuis quelques temps Taishiko, au fond de toi, tu as un grand cœur, et … Taishiko ?"

Pendant que la Déesse Mineur parlait, Taishiko avait prit ses jambes à son cou, emportant ses Kamas et partant en courant, arrivée au bout de la rue, elle tourna la tête, cherchant un endroit où se cacher.Malheureusement pour elle, avant qu’elle ne put faire un pas de plus, la Déesse était réapparue devant elle, alors que Taishiko reprenait sa pelle, Néodyme le lui prit, on ne sait comment d’ailleurs. Taishiko était effrayée, elle suivit alors Néodyme jusqu’à chez elle, puis elles reprirent leur discussion.

"- Taishiko, j’ai besoin de toi, j’ai demandé à deux autres personnes de faire ce que je vais te demander. Tu vas les aider, tu devras être capable de ne pas faire
mourir ce culte, de le faire vivre, de tisser des liens extérieurs et surtout, de choisir tes alliés. Si je te demande à toi, il y a une raison, je sais qui tu es au fond de toi, et je doute même que toi-même tu le saches.
- Hé dites ! je ne vous permets pas !"

Mais la Déesse était repartie, avant même que Taishiko finisse sa phrase, il y avait eu un grand halo de lumière, et Néodyme avait disparue. Taishiko rejoint alors les deux autres personnes, elle put les trouver dans une maison au Nord d’Astrub, Taishiko n’aimait pas vraiment cette ville, il y avait beaucoup de brigand prêt à voler ses Kamas. Et, il y avait de plus en plus de Roublards. Une fois entré dans la maison, elle vit une femme, une disciple de Sacrieur, elle alla donc lui parler, c’était bien elle, après une discussion, au début, cette fille nommée Elyanah avait l’air sceptique, puis, après quelques mots échangés, Taishiko put rejoindre officiellement le culte de la déesse néodyme, se souvenant de ce qu’elle avait dit, elle était prête à entretenir les relations, et à faire bouger les affaires.

Citation :

Chronique de Leena

Quelques rayons de lune s'aventuraient timidement dans la petite bicoque au sud de l'île gelée. Les ronronnements du félin angora s'arrêtèrent pour faire place à un long bâillement.

-Il fait nuit Lilu, sortons.

D'un simple bond, le compagnon sauta au pied du hamac de fortune, où la fée noire se reposait avant de s'en extirper doucement. A présent que l'obscurité régnait en maitresse sur les terres, la mercenaire était dans son élément et pouvait traquer ses proies, chasser ou simplement déambuler sur le continent. La nuit était sa plus chère alliée.
Cependant, avant de commencer ses activités nocturnes, elle se dirigea vers les calanques astrubéenne, comme à son habitude, pour contempler l'horizon vers sa terre natale. A cette heure de la nuit, la plage, qui pourtant si souvent bondée, était vide de tout autre présence. C'était le seul moment de la journée que Leena pouvait espérer passer seule, au calme avec comme seul son le bruit des lames de la mer s'écrasant sur le sable.

Pourtant, cette nuit fut différente des autres qu'elle pouvait passer. Cette nuit, le silence presque mystique habituel se brisa...

-La nuit et les ombres semblent te porter conseil, Leena

Avec une grande vivacité, la guerrière se retourna, sa lame à la main, prête à combattre. Mais à peine son regard tourné derrière elle, la fée noire se stoppa dans son élan. Celle qu'elle avait d'abord interprété comme un ennemi, un intrus voir un assassin, était en réalité une femme aux formes parfaites, toute habillée d'un costume chatoyant et de verroterie, pieds nues. Le plus étrange était l'aura lumineux si puissant qui se dégageait de son corps mais aussi sa façon de léviter, au dessus du sol sans faire bouger le moindre grain de sable. A la première seconde où elle l'avait vu, Leena savait qu'elle était face à un personnage hors du commun. Essayant de garder son habituel mine neutre, froide elle lui cracha une question pleine de méfiance.

-Qu'es tu ?

La mercenaire ne pouvait imaginer un instant que la femme face à elle était humaine. Loin d'offusquer l'indésirable, cette dernière offrit un large sourire en retour, ce qui ne pouvait avoir comme effet que de crisper un peu plus la songeuse. Qu'est ce qu'elle pouvait bien être ? Comment pouvait-elle connaitre son nom ?
Après quelques secondes qui suffirent à laisser bien des questions et des suppositions, l'étrange personne se décida enfin à répondre, doucement.

-Je suis ce que tu vois, ce que tu crois. Mon nom est Neodyme, je suis devenue une divinité parmi tant d'autres, mais avant que cela n'arrive j'étais une habitante de ces terres des plus banales. J'étais aussi une fervente d'Eniripsa, indifférente aux combats, je ne faisais que profiter de la vie que j'avais reçu... J'étais naïve, je ne voyais que les beautés de ce monde. J'étais faible...
Tu connais ce sentiment, n'est ce pas ?

La petite mercenaire fronçait les sourcils et sentait sa hargne monter doucement en elle. Cette déesse face à elle venait de peindre celle qu'elle même fut également par le passé, passé qu'elle exécrait et que bien peu pouvait se targuer de connaitre. Mais elle ne comprenait pas pourquoi cette fameuse déesse lui racontait tout cela, ses intentions... Le simple plaisir de lui rappeler celle qu'elle haïssait ?

-Ne joue pas avec moi Immortelle, que me veux-tu ?

-La paix et la lumière.

La mercenaire resta muette un moment, attendant une suite. Après avoir vu le sourire et le regard persistant de Neodyme, elle comprit qu'elle n'avait rien de plus à en dire. Elle secoua doucement sa tête, avant de finir par éclater d'un rire moqueur.

-Je savais les dieux sonnés, mais pas à ce point.

L'insulte, n'effleura pas la déesse, qui continuait de sourire. Le rire se transforma en un simple rictus dédaigneux.

-Demandes cela à quelqu'un de plus naïf, pas à moi alors. Je sais la paix impossible à mettre en place, et je ne veux pas de cette paix. Tu demandes l'impossible, mais en plus à une mercenaire... Ta lumière, ta paix... La fée s'arrêta un instant et tendit sa paume vers la déesse avec un petit rire. Je crois que je suis l'inverse.

-C'est pour cette raison que je suis venu à toi.

Le sourire de la fée s'effaça. Elle ne comprenait plus ce que voulait la divinité. D'un simple mouvement de sourcil, elle fit comprendre à l'ancienne mortelle qu'elle attendait des explications.

-Je veux qu'enfin la paix et la lumière puisse se répandre sur ces terres mais... Je suis aussi consciente des difficultés, et je sais que j'aurais besoin de personnes bien différentes. Si nous répandons la lumière, nous devons aussi nous approprier les ombres qu'elle apporte. Pour répandre cette paix, beaucoup devront marcher dans le jour, sous la lumière du soleil. Mais d'autres, comme toi, savent traverser la nuit en plein jour en te glissant dans les ombres et la nuit, tu goûtes le jour sous la lumière de la lune. Chacun portent en lui un jour et une nuit, mais peu savent goûter les deux. Tu l'as fait.

La déesse s'arrêta un moment, laissant la fée noire quelque peu ébranlée. Elle ne savait dire qu'est ce qui pouvait tant la troubler... Les mots de la déesse ou la déesse elle même ? Mais au fond d'elle, elle avait un doute, une question qui ne voulait partir, une petite partie de celle qu'elle était par le passé accroché en elle, à ses entrailles. Ne voulait-elle pas cette paix, après tout ?
La déesse coupa court à ses questions intérieurs.

-Cela fait longtemps que je te suis, et je suis persuadée que tu es ce morceau manquant pour que la paix puisse survivre. Les prières, l'espoir et les principes ne suffisent pas, il faut défendre cette paix, par les moyens les plus rudes. Connais-tu le mythe de l'utopie ?

-L'utopie... Un monde parfait.

-Non. La rayonnante entité secoua la tête doucement. Ce que tu me décris est une sorte d'utopie, je te demande ce qu'est le mythe de l'utopie.

Un silence pesant régna quelques minutes, avant que la divinité ne brise ce mutisme presque mystique.

-La paix totale après le plus grand de tout les chaos. Voila ce que c'est. Bien que je ne veuille en aucun cas un tel chaos, cela résume ce que j'aimerais te confier. Guider la lumière depuis les ombres, ne pas te fier aveuglément à tout les préceptes possibles. Trouve des guerriers que tu sauras convaincre et défends la paix par tes propres moyens, par ta raison, par ton expérience. Tu auras parfois besoin d'enfreindre ces préceptes que tu soutiens. Si tu dois verser le sang pour sentir le tiens cogner au bout des doigts, si tu le sais nécessaire, alors tu devras le faire. Guide les vers la lumière, vers la paix, mais reste toujours derrière, dans l'ombre.
Car toute lumière, quelle qu'elle soit, a ses ombres, ses ténèbres. Tu seras mon ombre.

La guerrière resta interdite un moment, elle ne savait que penser, ni que décider. Elle ne savait d'ailleurs pas si elle devait décider, bien qu'elle n'hésiterait pas à refuser l'offre d'un dieu, quelque chose semblait la pousser à accepter ce rôle. Elle ne savait que dire, elle ne pouvait même émettre le moindre son. La déesse contempla un moment Leena, avec une grande tendresse et se mit à disparaitre doucement, en emportant avec elle la lumière qu'elle dégageait. La fée ne savait toujours que faire, que dire.

-Le jour, n'oublie pas la nuit. La nuit, n'oublie pas le jour.

Dans ces derniers mots, la déesse aux formes parfaites disparut pour de bon, laissant Leena dans ses pensées.

Après bien des heures à se questionner elle, même, elle se releva. Elle n'avait pas toutes les réponses qu'elle voulait, elle ne savait elle même pas vraiment ce qu'elle voulait. Mais le hasard ne semblait pas exister, elle et Neodyme partageaient un passé commun, et tout comme l'immortelle elle avait appris de son passé. Peut être qu'au fond d'elle alors, une petite partie voulait cette paix, cette félicité. Peut être pour elle, peut être pour un autre... Mais tout ceci ne pouvait se savoir. Avec un sourire au coin des lèvres, elle murmura quelques mots, persuadée qu'Elle pouvait l'entendre.

-Alors ne te retourne pas, je serais derrière toi mais tu ne me verras pas.